Les 9 et 10 juillet 2025, une réunion thématique du Processus de Rabat intitulée « Unir les efforts : faire avancer la coopération sur la question des personnes migrantes disparues dans la région du Processus de Rabat » se tiendra à Banjul, en Gambie.
Co-présidée par la Suisse et la Gambie, cette réunion rassemblera des représentants des pays et organisations partenaires du Processus de Rabat, ainsi que des experts, en vue de faire progresser les priorités définies par le Domaine 3 du Plan d’Action de Cadix et plus particulièrement son objectif 5b, qui s’attache à « promouvoir des actions visant à respecter la dignité et les droits de l'homme des migrants et des personnes ayant besoin de protection » et son Action 17, axée sur « Prévenir la disparition des migrants, clarifier le sort des migrants disparus et le lieu où ils se trouvent et donner un retour d’informations régulier ».
Les discussions se concentreront sur l’identification et la promotion de mesures politiques et opérationnelles concrètes pour répondre à la tragédie de la question des personnes migrantes disparues, renforcer la recherche et l’identification des personnes disparues, et fournir un soutien significatif aux familles et communautés affectées.
La réunion sera également la première rencontre en personne du Réseau des PFN pour les personnes migrantes disparues de la région du Processus de Rabat, offrant une occasion unique de continuer à opérationnaliser le Réseau, à promouvoir des pratiques prometteuses déjà en cours, et à explorer des stratégies fondées sur des preuves, capables de sauver des vies.
Unir les efforts : faire avancer la coopération sur la question des personnes migrantes disparues dans la région du Processus de Rabat
La question des personnes migrantes disparues reste un enjeu humanitaire à la fois urgent et complexe, tant pour les pays partenaires du Processus de Rabat que pour la communauté internationale dans son ensemble.
Depuis 2014, au moins 75 704 personnes, dont plus de 3 400 enfants, ont perdu la vie ou sont portées disparues le long des routes migratoires (selon les données du Projet Migrants disparus de l'OIM). Rien qu'en 2024, 9 191 décès ou disparitions ont été recensés, faisant de cette année la plus meurtrière jamais enregistrée depuis 2014. La Méditerranée reste la route migratoire la plus meurtrière, avec plus de 32 127 décès ou disparitions enregistrés au cours de la dernière décennie, au moins 17 142 personnes ont perdu la vie ou sont portées disparues en traversant le continent africain. Ces chiffres, bien qu'alarmants, ne reflètent qu'une partie de la réalité, de nombreux cas n’étant pas documentés ou signalés.
Par ailleurs, si ces chiffres illustrent l'ampleur de la crise, ils ne sauraient pleinement refléter le coût humain de chaque disparition : des vies brisées, des familles endeuillées et des communautés profondément affectées.
Les personnes en déplacement entreprennent des voyages périlleux pour de multiples raisons, y compris des conflits, la persécution, la pauvreté, les inégalités de genre, la dégradation de leur environnement, la quête de conditions de travail décentes, ou encore la recherche de sécurité. Celles contraintes de migrer par nécessité plutôt que par choix sont souvent exposées à des risques élevés d’abus, d’exploitation et de violation des droits de l’homme. La conjonction entre des conditions de travail peu sûres et l’action des réseaux criminels tirant profit de la détresse des personnes migrantes peut mener à des disparitions ou des décès tragiques.
L’impact de ces disparitions dépasse largement la simple perte humaine. Les familles traversent souvent une souffrance psychologique profonde, particulièrement lorsque le sort de leurs proches demeure inconnu. En l’absence de certitude, elles se retrouvent également dans un entre-deux administratif et légal, les empêchant d’exercer leurs droits sur des propriétés, d’accéder à des avantages sociaux ou pensions de retraite, ou d’exercer la tutelle des enfants laissés derrière. Ces situations non résolues fragilisent la résilience des familles et entretiennent des cycles de vulnérabilité qui se transmettent de génération en génération.
En réponse à ces enjeux cruciaux, le Processus de Rabat joue un rôle essentiel et unique en tant que plateforme de coopération régionale et transfrontalière visant à répondre à cette crise humanitaire. Par le biais d’actions concertées entre les juridictions compétentes, les pays partenaires peuvent contribuer de manière significative à la prévention des disparitions de personnes migrantes, au renforcement des efforts de recherche et d’identification, ainsi qu’à l’allègement des souffrances des nombreuses familles toujours en quête de réponses.
La réunion thématique à venir sera une opportunité importante et bienvenue de :
- Partager des bonnes pratiques et recommandations sur la prévention et la résolution des cas de personnes migrantes disparues.
- Identifier et discuter des programmes existants, ainsi que des processus et institutions transrégionales, régionales et nationales impliquées dans la prévention et la réponse aux décès et disparitions des personnes migrantes, et la réponse aux familles affectées.
- Identifier des étapes concrètes pour favoriser l’efficacité opérationnelle du Réseau des PFN pour les personnes migrantes disparues, en promouvant une collaboration et des échanges réguliers entre les points focaux pour renforcer la coopération internationale.
Contexte : Répondre à la question des personnes migrantes disparues au sein du Processus de Rabat
Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’Action de Cadix, la Suisse, en collaboration avec la Gambie et avec le soutien du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ont convoqué la première Réunion thématique sur la séparation des familles et les personnes disparues dans le contexte des migrations, les 20 et 21 septembre 2023, à Genève.
En s’appuyant sur les résultats de ce premier échange, la réunion à Banjul sera un moment charnière pour réaffirmer l’engagement politique des pays partenaires du Processus de Rabat en faveur de la prévention des disparitions le long des routes migratoires, afin de faire avancer cette priorité partagée à travers une coopération opérationnelle renforcée.